• Moulin de Rairé

     

    Le Moulin de Rairé

      

    La naissance du moulin de « Royre »

      

    Sous le règne de Charles IX, Jacques de la Touche, seigneur des Planches (commune de la Garnache), de Coëx, Curzon, Laudardière et autres lieux, rend hommage de ses possessions à la duchesse de Thouars, dans un aveu du 2 août 1567 : le moulin de Rairé y est mentionné pour la première fois.

     Jacques de la Touche, comme tout puissant seigneur, avait réussi à contraindre la clientèle paysanne de son fief à venir moudre exclusivement au moulin de Rairé : il s’agit donc d’un moulin typiquement banal. Si sa construction et son entretien nécessitaient un lourd investissement – Rairé est l’un des premiers moulins tours de la région -, la servitude dans l’usage obligatoire du moulin seigneurial assurait, en revanche, au maître du fief, un revenu constant.

     Le parchemin de 1567 nous révèle également le nom du premier meunier, Jacques Martin, homme de métier et d’expérience, certainement, puisque les « Jacques Martin » resteront aux commandes du moulin de Rairé pendant de nombreuses années.

     Situé aux confins du marais et à l’orée des champs, le moulin tire son nom des eaux qui, chaque hiver, courent jusqu’à lui et que le patois maraîchin, vieux français à peine modifié, appelle « la rouerre », la royre, qui donna plus tard Rairé.

     

    Quelques noms des meunier du Moulin de Rairé :

    Marcel Burgaud, Pierre Barreteau, Marc Guitteny...

    Moulin de Rairé - Le Raire  85 300 Sallertaine  - 02 51 35 51 82

     

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    Erigé entre ciel et terre, dominant l’horizon plat du marais, le moulin de Rairé est le type même du grand moulin de l’ouest, un de ces « grands moulins-tours » du Pays de Monts, comme le disent eux-mêmes Charles Rivals et C. Gibbings. En effet, sa tour haute de 12 mètres, composé de moellons en calcaire (matériau plutôt rare dans ce pays où l’habitat traditionnel, la bourrine, est en torchis), et sa pesante assise (épaisseur des murs au rez-de-chaussée : 1.20m) font de lui un bâtiment imposant, surtout en regard de son époque de construction.

     

    Cette forme architecturale, qui fait maintenant partie d’un patrimoine protégé (le moulin de Rairé est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1974) est aussi lié à sa fonction car cette solide bâtisse doit faire face aux coups de colère des vents venus de l’océan. Mais sa tonnelle élégante, à la fois altière et puissante, surmontée d’un toit élancé, témoigne également de l’évolution technologique, de l’histoire de la meunerie. La modification de l’organisation interne des mécanismes est presque visible sur la surface des murs.

     

     


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    Outre l’existence de deux portes diamétralement opposées pour accéder en toute sécurité aux rez-de-chaussée, le moulin de Rairé possédait au premier étage deux grandes ouvertures fonctionnelles probablement pour charger directement les sacs de farine dans les tombereaux. Un œil de bœuf, surmonté de deux fenêtres de faible dimension sur les flancs nord et sud, apporte un peu de lumière à l’artisan besogneux.

     

    Les trois fenêtres à l’étage supérieur permettaient au meunier une observation tranquille et sans faille des faits et gestes quotidiens du voisinage. Il connaissait les habitudes des uns et des autres sans qu’on puisse le surprendre. Mais surtout ces ouvertures devaient conférer à ce moulin du XVIème siècle, un air de tour de guet, en particulier en cette période troublée des guerres de religion qui ensanglantèrent le pays. Aux portes des grandes places fortes des environs, Beauvoir-sur-mer, la Garnache, Apremont, Commequiers, et à quelques encablures seulement de la côte, refuge des trafiquants d’armes ou de sel. un moulin dans le marais – pas tout à fait la mer mais plus vraiment la terre – représentait un enjeu stratégique.

     


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    Si la maîtrise de l’eau et l’édification d’un moulin hydraulique requièrent des aptitudes et des méthodes de travail bien précises, la mise en œuvre d’un moulin éolien relève à la fois du tour de force et de l’équilibre. L’ajustement des éléments eux-mêmes, en ne songeant qu’aux ailes par exemple, est plus complexe, ne serait-ce que du simple fait de la hauteur, que la pose d’une roue à aubes.

     

    Mais la difficulté est ailleurs. La rivière, qu’elle soit fougueuse ou non, ne pose pas de problèmes majeurs : son cours varie peu ; elle coule toujours au même endroit alors que le vent est instable par définition, changeant et très difficile à maîtriser, d’où la naissance tardive du moulin éolien par rapport au moulin à eau. Comment capter tous les vents et non pas seulement ceux dominants ? Une gageure que les maîtres charpentiers du Moyen-Age, Sous l’impulsion des grands ingénieurs et architectes, tel Villard de Honnecourt, ont réussi à résoudre en virtuoses. De modèle simple, le moulin chandelier n’est en fait qu’une cage de bois qui repose et tourne sur un énorme pivot. Précaires et fragiles, ces moulins on peu à peu laissé la place aux robustes moulins en pierre qui résistent mieux aux pressions du vent. Mais l’ensemble charpente-ailes reste mobile pour capter l’énergie.

     


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    A l’origine de la toiture, qui repose sur une glissière de chêne le « chemin dormant », était déplacée grâce à une longue perche de bois, le guivre, solidaire du toit et actionné par un cabestan qu’on amarre à des plots de pierre ou des pieux dans le cerne. En 1864, suite à l’adoption du système Berton, on installa, à l’intérieur du moulin, un treuil appelé « tourne-au-vent » qui s’engrène dans une crémaillère circulaire, pour faire pivoter la toiture. Il n’est pas impossible qu’à la fin du XIXème siècle ce système manuel ait été doublé d’un « papillon » d’orientation automatique. Certains engrenages conservés précieusement par le propriétaire du moulin semblent correspondre à l’invention du mouliner. Sachant que ce système a rencontré peu d’enthousiasme chez les meuniers (danger dû à l’instabilité du vent), il n’a dû être utilisé que pendant une brève période. Rien ne permet désormais à l’œil inexpérimenté de deviner que l’ensemble de la calotte est mobile.

     


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    « Les tournants et les virans »

     

    Le moulin de Rairé, tel qu’on le voit aujourd’hui, est identique à ce qu’il était voilà presque 150 ans, quand l’ancêtre Charles était venu s’installer. Son mécanisme de moulin à blé a quelque peu varié au cours des siècles, mais notre fascination devant l’ordonnance parfaite du bois, de la pierre et du métal, demeure.

     


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    Quatre blanches demoiselles (les ailes)

     

     A l’origine, la toile de lin

     

    Issu des techniques de construction navale, c’est tout naturellement avec de solides voiles de lin que le moulin de Rairé fut « habillé ». La comparaison ne s’arrête pas là puisque le travail du meunier ressemblait beaucoup à celui des hardis gabiers d’autrefois qui bravaient le gros temps pour hisser la grand’voile. En effet, devant satisfaire sa clientèle en profitant des moindres journées de vent, celui-ci doit grimper sur chaque aile, en s’appuyant sur les « râteaux » emmanchés dans la vergue, pour déployer sa toile. Opération dangereuse qui nécessite beaucoup d’agilité et d’habileté : à plus de 10 mètres de hauteur, il s’agit de manœuvrer avec prudence, surtout quand le temps humide rend les barreaux glissants et alourdit encore la toile grise. L’entoilage achevé, le meunier pourra lâcher le frein de bois, mâchoire en orme ou en cerisier, qui enserre le grand rouet, empêchant le moulin de tourner. Selon l’humeur des vents, l’homme remontera plusieurs fois par jour.

     


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    En 1864, le moulin de Rairé adopte le système Berton

     

    Mais nous ne saurons plus jamais combien ce travail devait être pénible puisque, au milieu du XIXème siècle, un jeune ingénieur parisien, Pierre-Théophile BERTON (1827-1894), dont le père avait déjà inventé un système permettant d’entoiler les ailes des moulins à vent, met au point, après quelques tâtonnements, en 1842, un nouveau système de voilure à surface réglable. Le meunier peut désormais commander (l’ouverture ou la fermeture) la voilure à son gré avec de solides cordes de chanvre qui agissent sur le différentiel, mécanisme solidaire des ailes par l’intermédiaire d’un engrenage et les tiges métalliques. Chaque vergue est recouverte de 11 voliges de bois glissant les unes sur les autres tel un éventail. Si le vent vient à forcir, le meunier peut replier en quelques secondes les ailes pour ralentir la cadence de sa machine et l’empêcher de s’emballer. Au contraire, lorsque les vents sont faibles, il faut ouvrir, « dépouiller » les ailes, Les lames de bois qui coulissent peuvent ainsi atteindre une largeur maximale de 2.20 mètres.

    A l’arrêt, la prise au vent est réduite à 22 cm de largeur, soit à peine 6 m2.

     


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