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    Aujourd’hui encore, le meunier de Rairé (M. Burgaud) se trouve confronté à l’éternel dilemme de maintenir son activité dans un monde où le nouveau est déjà consommé avant d’être né. Lui qui entend bien laisser à ceux qui viennent son compagnon tel qu’il l’a trouvé est légitimement inquiet de la propension des « faux moulins » à vent qui se restaurent. Incapables d’utiliser efficacement l’énergie naturelle, les restaurateurs de ces moulins « modernes » se disent contraints d’ajouter des moteurs pour que puissent tourner les ailes, en dehors de toutes les lois physiques (pression du vent, énergie cinétique...) qui régissent le moulin à vent. Son refus d’introduire des éléments parasites, faisant que l’objet perd sa signification (« Ce n’est plus un moulin « à vent » mais un ventilateur », comme le dit M. Burgaud) confère au meunier de Rairé des allures de solitaire.

     

    L’étonnement des visiteurs, de plus en plus nombreux, attirés par les grandes ailes de bois, est d’autant plus grand qu’ils se trouvent transportés dans un univers resté intact après plus de cinq siècles.

     


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    Domestiquer le vent

     

    La fonction essentielle du moulin à vent est de transformer l’énergie naturelle en force directement utilisable. Si la vocation céréalière du moulin de Rairé rend compte partiellement de la singulière complexité de ses mécanismes, le régime des vents explique, pour une grande part, son architecture et ses caractéristiques principales.

     

    Le régime des vents

     

    Le moulin de Rairé, situé sur la trajectoire des grandes dépressions cycloniques, profite de la régularité des souffles venus de l’Atlantique, poumon du dieu Eole.

     

    Marcel Burgaud, souvent posté à la plus haute fenêtre de son moulin, tel une vigie dans la misaine, guette dans la fuite des nuages, dans le moindre mouvement des peupliers et des tamaris, les signes infaillibles de l’ouvrage à venir : il attend avec impatience le retour du vent du large parti quelques heures plus tôt avec le jusant.

     

    René Bazin, sui séjourna à plusieurs reprises à Salletairne, lieu d’inspiration de son roman « La terre qui meurt », écrit quand il évoque un moulin poitevin et sa source d’énergie : « Il en fallait, pour faire tourner ses ailes grises, que ce qu’il en faut pour que la fleur du pissenlit, perde ses graines ».

     

    N’exagérons rien : une petite brise ne saurait mettre en mouvement une meule de deux tonnes. C’est pourquoi un vent constant d’au moins 15 km/h, est nécessaire pour que le moulin puisse moudre.

     

    Aussi, « les vents utiles », réguliers, - ceux qu’on rencontre surtout l’été et l’hiver, les deux saisons les plus propices -, sont-ils toujours très appréciés. Par contre, lorsque la tempête fait rage et que les éléments se déchaînent, il faut replier la voilure et l’amarrer solidement.

     


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    La préférence du meunier maraîchin va vers les vents dominants de secteur ouest à nord-ouest que les gents du pays désignent respectivement sous le nom de « salaï » et « norois ». Ils sont doux, réguliers. Le moulin « ronronne » deoucement au rythme du tic-tac du babillard.

     

    En revanche, le farinier se méfie toujours des rafales de sud-ouest, nées dans le Golfe de Gascogne, impétueuses, chargées de pluies et parfois annonciatrices de tempêtes. Ces bourrasques sont mauvaises pour le moulin qui gémit, craque de tous ses engrenages.

     

    Il maudit également ces vents de terre (nord-est à sud-est), secs, continentaux, inconstants, appelés « vents du haut », souvent accompagnés d’un ciel clair durant trois, six, voir neuf jours ; un vent traître qui brûle les blés et provoque des tourbillons de poussière (les « vayles du vent »). La meule s’affole puis s’endort presque aussitôt. Pas de répit pour le meunier !

     

    Finalement, il lui reste peu de temps pour dormir. Avec 200 à 250 jours de vent par an en moyenne, il a fort à faire. Quand le vent cesse de souffler, il en profite pour changer les alluchons fatigués ou pour rhabiller les meules afin d’avoir toujours une mouture de qualité.

     


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    L'axe ou l'arbre de couche est légèrement incliné (8°).

    La voilure ainsi résiste mieux aux pressions du vent et

    l'ensemble (voilure + arbre) est équilibré.

     


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    Le Moulin de Rairé, les ailes repliées quand il n'y a pas de vent.

     

     

     


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    Le Moulin de Rairé, les ailes repliées quand il n'y a pas de vent.

     


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    Le souci majeur du maître de céans reste le vent. Dans la journée, la girouette bien en vue sur le bâtiment qui fait face au moulin, ne cesse de le renseigner avec précision sur la direction du vent. Lorsqu’autrefois il fallait veiller des nuits entières, il était moins aisé de connaître les caprices d’Eole. Alors, pour se repérer, deux petites planchettes de bois, appelées « demoiselles » à Rairé, suspendues à la calotte, s’agitent et tournoient sur elles-mêmes lorsque les ailes sont désorientées. Elles demeurent immobiles, au contraire, si le vent vient bien de face.

     

    Ces divers aménagements d’une simplicité étonnante sont en réalité le fruit d’une longue observation et d’un bons sens indéniable.

     (la photo ici représente une partie de l'arbre à girouettes en face du moulin)

     


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