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Par kordouane le 28 Octobre 2012 à 14:42
Le destin exceptionnel du Père Lataste
Dernier d’une famille de 7 enfants, alcide Vital Lataste est né le 5 septembre 1832 à Cadillac. Ses parents Vital Lataste et Jeanne Grassiet, tous deux originaires de la région, étaient propriétaires de quelques arpents de vigne et d’un négoce de tissus.
En 1850, Alcide Vital Lataste passa avec succès son baccalauréat. Encouragé par son père, Alcide décida d’intégrer la fonction publique en prenant un poste de contrôleur des contributions. Il travaillera pour l’administration des impôts de 1851 à 1857.
Après un long et profond retour sur lui-même, et de nombreuses interrogations, Alcide se décidé à suivre la vocation qui s’imposait à lui de façon de plus en plus décisive. En 1857, il se présenta au noviciat des Frères Précheurs de Flavigny. La candidature d’Alcide est acceptée par le conseil conventuel.
Après de études de théologies, il fait enfin sa profession religieuse en mai 1859. Le lendemain, il part pour le couvent de Chalais, près de Grenoble, puis est transféré à la communauté de Saint-Maximin-la Sainte-Baume. C’est en ces lieux que le frère Jean-Joseph Lataste va approfondir sa vie spirituelle, et faire connaissance avec Marie-Madeleine qui sera l’inspiratrice de sa vocation de fondateur.
Dans l’enthousiasme de sa jeunesse (32 ans), et dans l’intime conviction que c’était là l’œuvre voulue par Dieu, le Père Lataste se lança immédiatement dans les démarches de fondation d’une congrégation qui accueillerait des détenues en fin de peine, afin qu’elles retrouvent le chemin de la prière et du pardon, au milieu d’autres religieuses. Le Père Lataste une ostéomyélite et en guéri en 1863.
A Cadillac, l’ancien château des ducs d’Epernon est, depuis le début du XIXe siècle, entouré de hauts murs et est plongé dans un silence impressionnant. Il a été transformé en « centrale de force et de correction ». Près de 400 femmes condamnées par les cours d’assises y purgent de longues peines, parfois à perpétuité, soumises aux travaux forcés et au silence absolu. En 1864, au couvent de Bordeaux, le Père Lataste est envoyé par son prieur prêcher une retraite à la prison de Cadillac, à l’ombre de laquelle il avait grandi. On considérait à l’époque que l’ »influence religieuse », comme on disait, était propre à conduire les détenus à une vie plus saine moralement, et l’on organisait volontiers des retraites prêchées dans les prisons. Venu pour prêcher une retraite spirituelle, il ressort de cette prison décidé à faire bouger l’opinion publique.
Et si elles voulaient être mes sœurs ?
Il y explique la situation, les causes de la récidive, le plus souvent liée au manque de confiance à l’égard des libérés des prisons. Il invite l’opinion publique à changer sur ce point, en montrant que c’est en faisant confiance que l’on donne les moyens de retrouver une place dans la société. A titre d’exemple, ou plutôt de signe montrant que cela est possible, il présente la fondation de Béthanie comme un projet qui montre à la face du monde que rien n’est impossible lorsqu’on ose la confiance.
C’est en 1865 que le Père Lataste retrouva les détenues de Cadillac, et l’attitude des femmes lors des confessions qu’il reçoit, lui font envisager encore plus intensément l’urgence de la fondation qu’il souhaitait pour elles. Il existait déjà quelques établissements qui accueillaient des femmes sortant de prison, comme les refuges tenus par les sœurs du Bon-Pasteur d’Angers, mais ces femmes, si elles y trouvaient accueil et lieu de prière, ne pouvaient jamais y devenir religieuses. Le Père Lataste souhaitait, lui, qu’il y ait fusion entre les religieuses et les repenties, sans tenir compte du passé des unes et des autres. Faire accepter cette idée novatrice, trouver des locaux, faire venir des religieuses pour la fondation de l’institution ne fut pas facile. Avec confiance et pugnacité, le Père Lataste envoya une brochure sur « les Réhabilitées » à tous les députés, et à de nombreux journalistes, s’appuyant sur les écrits de Lacordaire mais aussi sur ceux de Victor Hugo dont la publication récente « des Misérables » avait marqué l’opinion publique.
Après de nombreuses vicissitudes pour trouver un lieu où implanter la fondation, la congrégation put s’installer à Montferrand-le-Château, dans le diocèse de Besançon. Les premières postulantes s’installèrent ; le principe fondateur étant qu’il n’y ait aucune distinction entre les réhabilitées et les autres religieuses. C’est alors que Mère Henri-Dominique, religieuse déjà sensibilisée aux problèmes de la réhabilitation des femmes détenues, rencontra Jean-Joseph Lataste à Flavigny. Ce fut le début d’une étroite collaboration. En 1867, l’œuvre de Béthanie comptait 12 personnes, dont 4 réhabilitées. Actuellement, les sœurs dominicaines de Béthanie ont des implantations en France, en Italie et en Suisse.
Le Père Lataste tombera à nouveau malade en 1868, contractant une infection pleurale. En janvier 1869, épuisé et malade, il fut obligé de dicter à mère Henri-Dominique le début des constitutions de Béthanie, qui ne pourront être terminées qu’ultérieurement, par le père Boulanger. Il s’éteignit le 10 mars 1869.
Le procès de béatification du Père Lataste a débuté en 1937. Le procès diocésain et l’examen des écrits étaient terminés en 1940. De nombreux facteurs l’ont retardé jusqu’au début des années 1960. Le travail de synthèse indispensable a été mené entre 1992 et 1996 par le frère Jean-Marie Gueulette, avec l’aide de la sœur Jean de Notre-Dame, afin d’arriver à la rédaction de la position sur les vertus et le renom de la sainteté du serviteur de Dieu. Ce document, de près de 600 pages, a été examiné à Rome par les commissions d’historiens, de théologiens et de cardinaux. Leurs votes positifs ont permis la reconnaissance des vertus héroïques du Père Lataste par le Pape Benoît XVI, le 1er juin 2007. Le Pape Benoît XVI a autorisé la reconnaissance du miracle le 27 juin 2011, ouvrant ainsi la voie à la béatification qui a eu lieu le 3 juin 2012.
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